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Que reste-t-il de l’armée française?

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Depuis la chute du mur de Berlin, deux ouragans ont soufflé sur le monde : le 11 septembre 2001 et la crise économique de 2008. Ils ont révélé de nouvelles menaces contre lesquelles les institutions millénaires doivent désormais faire face. C’est le cas de l’armée française. Face au terrorisme et le passage de la guerre à la guérilla, face à la montée de nouveaux acteurs et au risque de prolifération nucléaire, face à l’atomisation d’un monde sans pilote, la Grande Muette a beaucoup évolué pour s’adapter mais semble peser de moins en moins. Ne reste-t-il de l’armée française qu’un « corps mort pour des cormorans » ?

La fin de la guerre froide a sonné le glas de la doctrine stratégique d’indépendance nationale. Dans un monde émietté, l’action armée s’est substituée à la menace nucléaire pour régler les conflits internationaux (Somalie, Kosovo, Afghanistan, Irak, Georgie, Libye, Mali). Face à ces nouveaux risques, les armées doivent se projeter plus loin avec beaucoup plus de réactivité. Le terrorisme a, du reste, combiné les impératifs de sécurité intérieure et extérieure. Ces deux phénomènes ont engendré une professionnalisation d’une armée de plus en plus technologique, donc plus chère (avions, drones, espace, …) et moins avide d’hommes. Pour compenser ces nouvelles dépenses, et prendre en compte l’éloignement de nos ennemis, l’Etat a mis fin à la conscription en 1996.

Aujourd’hui, l’armée française compte 296 000 personnes dont 229 000 militaires et 10 000 hommes sur des terrains extérieurs.  La France peut envoyer 15 000 hommes pour une opération d’envergure tout en menant parallèlement une guerre et maintenant ses contingents à l’ONU. Dotée de 4 sous-marins nucléaires, d’un avion de chasse Rafale à la pointe de la technologie, d’un porte-avions opérationnel et d’une industrie de l’armement performante, la France est au troisième rang mondial en matière de dépenses militaires (parmi les budgets connus). Elle quitte ses zones d’intervention historiques (Afrique, Méditerranée) pour s’investir au Moyen-Orient (Afghanistan), en Asie (Cambodge, Timor) et en Amérique Latine (Haïti) et intervient pour diverses raisons : sécurité collective, protection des droits de l’homme, prévention de catastrophes, actions préventives, …

L’armée dispose de trois leviers d’action.

–          Dissuasion nucléaire : avec 300 têtes nucléaires, la France est le seul pays de l’UE avec une force de frappe totalement indépendante. Aujourd’hui, la France pratique plutôt la « dissuasion du nucléaire » et met son savoir au service de la non-prolifération nucléaire (Iran vers le nucléaire civil).

–          Opérations extérieures internationales : la France s’implique en faveur du droit international (ONU, OTAN) et du droit européen (AED). Le Traité de Lisbonne a intégré une clause de défense mutuelle  entre pays membres.

–          Opérations extérieures autonomes : la France peut se déployer seule ou avec un appui limité de ses alliés. Ce fut le cas au Mali.

L’armée française a de beaux restes mais elle doit affronter, dans les années à venir, trois défis : s’orienter vers une Europe de l’armement toujours bloquée par les Allemands qui perdraient leur leadership, le renouvellement technologique et la cyberguerre, les contraintes financières de l’Etat et la baisse progressive du budget de la Défense.

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